mardi 1 novembre 2016

SEVILLE, MARS 1969.

C'est une photo surexposée, voilée qui a quasiment viré au blanc, mais qui laisse encore entrevoir les visages de quatre jeunes femmes qui se tiennent adossées au mur du temps. Ce n'est pas une grande assemblée ni une grande célébration, juste un événement comme un autre. Elles ont les cheveux longs et des yeux de biche ourlés de khôl noir. Leurs robes uniformes coupées sans grande fantaisie sont vertigineusement fixées au dessus du genou. Elle sourient à peine au photographe : sont-elles timorées, gênées ? L'une regarde hors champs, une seule regarde l'objectif avec fixité. Deux tiennent des bouquets de fleurs dans leur main. Les bouquets sont emballés dans de l'aluminium. Elles les portent contre elle comme si elles tenaient déjà un nourrisson. L'une est la reine et l'autre sa dauphine Derrière La Reine est tendu un décor, le décor d'une époque habitée par les fantômes et les duègnes s'effrite lentement. Elles viennent de franchir le mur du temps.

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