vendredi 23 septembre 2016

KUALA LUMPUR, 2022.

Un ciel gris lourd, pesant. Une chaleur, une forte humidité embuaient l'air et faisaient peser sur chacun de nos gestes une pression insoutenable, transformant chaque geste quotidien, chaque mouvement en épreuve. Englué, ensuqué dans cette chape grise, on distinguait à peine l'horizon jalonné des tours immenses, et à 45 km de là, la mer d'Andaman et plus loin encore le golfe de Java. Tout au plus distinguait-on des flèches de lumière. Tout en haut d'une de ces tours, dans un de ces intérieurs de bureau uniformes hermétiques, entilés, assise stoïque pendant huit heures, devant l'écran de son ordinateur, Une japonaise vêtue d'un complet blanc s'était brusquement levée puis adossée à la vitre et avait accolé son visage à la vitre. Il y avait dans son geste, dans cette soudaine rupture avec la discipline du bureau,et de l'uniformité des gestes de ses collègues quelque chose de joyeux et d'enfantin, comme une fleur éclot parfois au milieu de rien. Pourtant, sous la nuée, sous le gris, depuis son point de vue en surplomb: elle se distrayait en contemplant le spectacle formé par les grappes de touristes qui, sortant de leur autobus photographiaient et flashait les tours siamoises. Elle ne les voyait pas les touristes sous leur parapluie, elle distinguait seulement les crépitements des flashes de appareil photo qui zébraient régulièrement le sol et leur lente avancée sous ce rideau de pluie. C'est alors qu'un orage embrasa l'air. Bientôt, tous disparurent comme happé par la porte Tambour de la boutique Montblanc.

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