mardi 4 novembre 2014

MIRACLES OF YOUR OWN PERCEPTION

Fragmentée, anti linéaire ou linéaire, discontinue ou continue. L'œuvre de J.G Ballard (1932-2009) parait anticiper le désordre et le chaos du Monde contemporain, mais ne se situe jamais exactement où on croit la trouver. C’est aussi ce qui la rend très stimulante. Cette perception inquiète,qui désoriente souvent le spectateur semble avoir été préemptée par deux expériences terribles : le vécu d'un internement comme enfant dans un camp de prisonnier de guerre japonais à Shanghai de 1943 à Aout 1945, et la mort soudaine de sa femme, en 1964, en Espagne au cœur d'un été. Dans Miracles of Life, paru en 2008, j’ai aussi noté une remarque qui montre toute la splendeur de son écriture travaillée par des fulgurances de ce type: « A Shanghai, les souvenirs m'attendaient à chaque coin de rue, tels de vieux amis à l’aéroport (...) Le Bund était intact Curieusement, les tours télés qui diffusaient les nouvelles aux bénéfices des habitants de Shanghai semblaient un peu vieillottes, voir traditionnelles, car on voyait les mêmes partout, de Toronto à Tokyo, en passant par Seattle. Alors que les banlieues Art Déco poussiéreuses et fanées étaient d'une nouveauté vivifiante. » Dans mon voyage et mon « pèlerinage » vers Shepperton qu’il n’a jamais quitté pendant presque 50 ans,, je crois que j’ai eu envie de confronter cet imaginaire avec le réel d’une topographie et la physiqualité de ses sons et de leur texture. J’ai arpenté avec Delphine et Antoine les détours de la M25 et écouté les bruits de l’aéroport d’Heathrow et le bruit doux du ruisseau qui a un nom couleur de cendre : l’Ash. Qu’ai-je retenu de cette quête ? Que rien n’existait tout à fait de ce qui avait été décrit dans Crash ou dans la Foire aux Atrocités. Tout avait été considérablement amplifié, transformé. En somme, le miracle du travail littéraire qui ne fait que traduire une perception très très subjective d’une réalité.

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