mercredi 25 août 2010

Van Gogh' touch

Van Gogh et sa vie heurtée ont donné naissance à deux grands films : celui de Pialat et celui de Minneli.
Chez Pialat, c'est l'aspect atone, dépressif du peintre marginal devenu un pauvre figurant au milieu d'un peuple qui bouge et qui vit, qui a été retenu.
Chez Minneli, c'est le choix d'une documentation scrupuleuse des faits,des actes,des oeuvres des événements fondue enchainée aux splendeurs du technicolor qui irréalise, délave parfois les apparitions de Van Gogh et les paysages filmés qui forment et font référence aux tableaux devenus légendaires.
Force est de constater que je n'avais jamais réellement vu ce film, trop souvent entraperçu à la télévision ou vu négligemment; film dont le jeu, très "année cinquante", jeu fondé sur l'identification entre Kirk Douglas et le mythe de Van Gogh me paraissait hors d'age et dépassé.
Je me trompais : l'interprétation est superbe, monolithique parfois mais pleine de nuances et affleurant à une étrange incarnation, comme si l'acteur avait absorbé l'ADN du peintre.
Bien sur, il y avait aussi ces images qui semblaient s'inscrire droit dans une forme de poncif : les borinages, la mort et les corbeaux, mais c'est etre injuste que de s'arreter à ces clichés.
Ainsi, pendant longtemps le " Van Gogh " Film dont l'aspect pictural, jaune " pailleux", un peu vieillot m'avait donc longtemps rebuté.
Pourtant si l'on considère seulement progression dramatique fondée sur une gradation des couleurs, alors tout n'est qu'émerveillement : splendeur des noirs se détachant sur fond bistre et marron, auquel succède l'aspect irradié et solaire du filmage de l'errance du peintre brulé par le soleil et le mistral sur la route de Tarascon.
Jamais la couleur filmée n'a été aussi parlante.
Une scène étrange montrant Van Gogh s'accrochant à son chevalet et Gauguin peignant au milieu du déchainement des éléments et du mistral m'a surpris par le climat onirique qu'elle distille, atmosphère presque en suspension où le rouge d'une fausse vigne peinte, les actions coordonnées, rythmées des ouvrières restituent parfaitement cet atmosphère de reve éveillé qui irrigue en permanence ce film.
Un chemin de croix jalonné de tableaux.
Un peintre perdu nommé Van Gogh cherche sa vérité au milieu du chaos tandis qu'avec la couleur un réalisateur nommé Minneli s'emploie à la restituer avec audace et perspicacité.

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