jeudi 15 octobre 2009

KUHLE WAMPE, Format : Noir et blanc - 1,37:1 - Mono - 35 mm

Bâti sur un argument de Brecht, daté de 1932, "KUHLE WAMPE" ou " ventre froid ou vide», "KUHLE WAMPE" désigne aussi le nom d'une colonie de chômeurs qui ont décide de quitter Berlin pour profiter des joies de la campagne et des baignades au bord des lacs.

"KUHLE WAMPE" est le "dernier film manifeste produit sous la république de Weimar.
"KUHLE WAMPE" a été réalisé par un bulgare Slatan Dudow
"KUHLE WAMPE" est un film qui concentre avec bonheur : sens de l'expérimentation et approche novatrice du récit.
4 parties le forment.
On y distingue un filmage sensible du monde urbain, de la ville, jusque dans ses intérieurs, approche sociale, contexte politique et discours qui lui semble immédiatement sous-jacent.
Sa vision loin du discours stéréotypé des manifestes politiques nous fait accéder à la fois à une description méthodique, minutieuse des conditions de vie d'un chômeur dans la vie duquel lentement on pénètre et s'infiltre …
La musique d'Hans Eisler, ses staccatos, ses scansions nous y aide.
L’histoire racontée est assez simple.
Après une exposition éprouvante décrivant le suicide d'un chômeur après une vaine recherche d'emploi, le réalisateur évacue brièvement le récit en lui faisant succéder sur une certaine longueur des plans très brefs montés en fondu-enchainé, plans montrant des champs de blés et de luzerne battus par le vent.
Dans la seconde partie, sa famille est expulsée de son logement, et s'installe dans un terrain de campement tenus par d'autres ouvriers, la Kuhle Wampe. Anni, la fille, seule à disposer d'un travail, tombe enceinte et s'amourache de Fritz, qui explique le soir-même qu'on le force au mariage à cause de la grossesse d'Anni. Celle-ci le quitte et s'installe chez son amie Gerda.
Si l'on peine à s'intéresser à l'intrigue liant inéluctablement un certain Fritz à une Anni qu'il a mis enceinte, on n'en demeure pas moins sensible à un sens documentaire : merveilleuse scène de mariage sous une tente avec des convives saouls, et hébétés ou le parfum de la choucroute flotte dans l'air.
L'histoire du club sportif parait quant à elle aussi artificielle que construite de toute pièce sur le modèle soviétique qui l'a inspiré.
Marquante demeure cette quatrième partie qui raconte le conflit ouvert entre ouvriers et bourgeois à propos de la crise financière.
Un des ouvriers fait la remarque à un « nanti » que la classe aisée ne changera pas le monde, ce à quoi l'interpellé rétorque: « Qui changera alors le monde ? ». Gerda répond « Ceux à qui il ne plait pas ». Le film s'achève alors
Sur le chant de la Solidaritätslied, la « chanson de la solidarité » composée par Hans Eisler…
Voilà, un film étrange dont le contenu politique quelque peu désensibilisé n'a pourtant rien perdu de sa virulence.
Sans doute cette vue finale en surplomb qui domine ces chanteurs symbolise-t-elle tout la leçon de ce film qui articule à la fois un sens esthétique profond, avec une interrogation sur les motivations d’une révolte qui demande à être instrumentalisée face aux défis à venir.

Aucun commentaire: